Les réflexes archaïques : ces mouvements primitifs qui influencent (encore !) nos apprentissages et notre écriture

Lorsque nous pensons à l'apprentissage, nous imaginons souvent des exercices structurés, des leçons attentivement préparées et une concentration soutenue. Pourtant, bien avant de tenir un crayon ou de lire nos premières lettres, notre corps a été le siège d'une activité motrice intense et involontaire : les réflexes archaïques. Ces schémas de mouvements primitifs, essentiels à notre survie et à notre développement in utero et durant les premiers mois de notre vie, jouent un rôle étonnamment persistant dans nos apprentissages, et plus particulièrement dans l'acquisition d'une écriture fluide et efficace.

Alors, quels sont ces réflexes archaïques ? Comment peuvent-ils impacter nos capacités d'apprentissage, et surtout, comment se manifestent-ils dans notre écriture ? Plongeons au cœur de ces mouvements fondamentaux pour mieux comprendre leurs implications.

Les réflexes archaïques : un héritage moteur essentiel

Les réflexes archaïques sont des réactions motrices automatiques et involontaires qui apparaissent pendant la vie fœtale et les premiers mois de la vie. Ils sont cruciaux pour le développement du tonus musculaire, la coordination, l'intégration sensorielle et l'établissement des mouvements volontaires. Au fur et à mesure du développement neurologique, ces réflexes devraient s'intégrer progressivement, laissant place à des mouvements plus matures et contrôlés.

Cependant, il arrive que certains de ces réflexes persistent au-delà de leur période d'activité normale, ou qu'ils ne s'intègrent pas complètement. Cette persistance peut alors interférer avec le développement de compétences motrices fines, de la posture, de la coordination oculo-manuelle et, par conséquent, avoir un impact significatif sur les apprentissages, notamment l'écriture.

L'impact des réflexes archaïques sur les apprentissages : un frein invisible ?

La persistance de certains réflexes archaïques peut se manifester de diverses manières dans le processus d'apprentissage :

• Difficultés de concentration et d'attention : certains réflexes non intégrés peuvent rendre difficile le maintien de l'attention et la concentration sur une tâche.

• Problèmes de coordination et d'équilibre : des réflexes persistants peuvent affecter la coordination globale du corps et l'équilibre, rendant certaines activités physiques ou même la simple posture assise inconfortable.

• Sensibilité sensorielle accrue : une intégration incomplète des réflexes peut entraîner une hypersensibilité au toucher, au mouvement, à la lumière ou au son, perturbant l'apprentissage.

• Difficultés visuo-spatiales : la perception de l'espace et la relation entre les objets peuvent être altérées, impactant la lecture, l'écriture et la compréhension des concepts spatiaux.

L'écriture sous influence : comment les réflexes archaïques peuvent saboter notre geste graphique

L'écriture, activité complexe qui requiert une coordination fine des muscles de la main, du poignet, du bras et même de la posture, est particulièrement sensible à la persistance de certains réflexes archaïques :

• Le réflexe de préhension palmaire persistant : ce réflexe, qui provoque la fermeture automatique de la main lorsqu'on stimule la paume, peut entraîner une prise du stylo trop serrée et rigide. Il peut rendre difficile la modulation de la pression et la fluidité des mouvements des doigts, menant à une fatigue rapide et une écriture maladroite.

• Le réflexe de moro non intégré : ce réflexe de "sursaut" en réponse à un stimulus soudain peut se traduire par une hypersensibilité au mouvement ou au bruit pendant l'écriture. L'enfant ou l'adulte peut être facilement distrait, avoir des difficultés à maintenir une pression constante sur le stylo et présenter une écriture irrégulière.

• Le réflexe tonique asymétrique du cou (rtac) persistant : ce réflexe, où la rotation de la tête vers un côté entraîne l'extension du bras et de la jambe de ce côté et la flexion des membres opposés, peut impacter la coordination oculo-manuelle nécessaire à l'écriture. Il peut rendre difficile le passage du regard du modèle au papier, entraîner des difficultés à traverser la ligne médiane lors de l'écriture (par exemple, écrire de gauche à droite) et favoriser une posture asymétrique lors de l'écriture. L'écriture peut apparaître hachée et peu fluide.

Identifier et accompagner : ouvrir la voie à une écriture plus libre

Si vous reconnaissez certaines de ces manifestations chez vous ou chez votre enfant, il est important de savoir qu'il existe des approches pour favoriser l'intégration de ces réflexes persistants. Des professionnels formés, tels que les ergothérapeutes spécialisés en intégration des réflexes archaïques, peuvent évaluer la présence et l'impact de ces réflexes et proposer des exercices et des activités spécifiques pour encourager leur intégration.

Ces exercices peuvent inclure des mouvements doux et répétitifs qui imitent les mouvements des réflexes, mais réalisés de manière consciente et contrôlée. L'objectif est d'aider le système nerveux à "terminer" le processus d'intégration, libérant ainsi le corps des schémas moteurs archaïques et permettant le développement de mouvements plus matures et volontaires, essentiels à une écriture fluide et sans effort.

Conclusion : un regard nouveau sur les difficultés d'écriture

Comprendre le rôle des réflexes archaïques nous offre une perspective nouvelle et souvent éclairante sur les difficultés d'apprentissage et, en particulier, sur les défis rencontrés dans l'acquisition de l'écriture. En reconnaissant l'influence de ces mouvements primitifs, nous pouvons adopter des approches plus holistiques et ciblées pour accompagner les enfants et les adultes vers des apprentissages plus harmonieux et une écriture enfin libérée de tensions et de contraintes. L'intégration des réflexes archaïques n'est pas une baguette magique, mais elle peut être une clé précieuse pour déverrouiller le potentiel d'apprentissage et ouvrir la voie à une expression écrite plus fluide et agréable.